PROJETS

Programme de parrainage

L’objectif du programme de parrainage est de donner la possibilité aux nouveaux boursiers du DAAD en France de bénéficier de l’accompagnement de parrains, eux-mêmes anciens boursiers du DAAD, sous la forme de conseils ou d’échanges sur les expériences à l’étranger.
Le programme  de parrainage a été officiellement lancé le 3 octobre 2014 dans les locaux du DAAD à Paris, à l’initiative de Lotta Resch (DAAD Paris) et Nicola Ebenburger (membre du Conseil d’administration DAAD Alumni France).
Forte d’une vingtaine de participants, la manifestation regroupait à la fois nouveaux et anciens boursiers.

Voici des articles consacrés à quatre de nos quinze tandems 2014-2015:

Nadine Magaud et Laura Medina
Cécile Desprairies et Philipp Stadelmaier
Karen Assmann et Lilith Sommer
Hélène Condat et Lorenz Neuner

La deuxième promotion de tandems de parrainage a été officiellement lancée le 7 octobre et a regroupé une trentaine d’invités. Voici une chronique d’un de ces tandems de parrainage :

« A l’automne 2014, Marc et Gunhild, tous deux germanistes à la retraite, recevaient un appel de Claude et Joli, leurs anciens « voisins de jardin » en banlieue parisienne. Claude, astrophysicien en semi-retraite, et Joli, son épouse, élève de l’historien culturaliste Peter Gay, venaient d’être mis en contact avec Donald, leur tout récent « filleul DAAD », stagiaire en mathématiques à l’ENS. Ne serait-ce pas une bonne idée que de se retrouver tous ensemble, à cinq, pour dîner dans un restaurant de quartier à Paris ? Les deux couples « séniors », séparés par des déménagements, de part et d’autre, ne s’étaient pas revus depuis quelque temps, et surtout ils allaient pouvoir faire partager à Donald l’un des loisirs préférés des Français. – Celui-là même qui, soit dit en passant, fut ciblé plus particulièrement dans les « attaques » du 13 novembre 2015 : à savoir converser et discuter autour d’un plat et d’une bouteille de vin. La sympathique soirée en café-bistro qui s’ensuivit, et où il fut question, tout à la fois, d’exoplanètes, de Siegfried Lenz (qui venait de décéder) et des particularités respectives de la France et de l’Allemagne… laissa un excellent souvenir à Gunhild et Marc.

Quand Lotta lança, le 1er juin 2015, l’appel à parrainage pour 2015-2016, Marc, qui a souvent bénéficié des largesses du DAAD, et partage avec Gunhild le même attachement et intérêt pour la jeunesse estudiantine, n’eut pas de peine à convaincre celle-ci qu’il fallait absolument être candidats pour un parrainage.

Début septembre 2015, Lotta choisit la méthode la plus directe pour annoncer la bonne nouvelle d’une « tandémisation DAAD », et mettre en contact, au plus vite, parrain et filleul. Un même message, adressé aux deux – à Luka, le « filleul DAAD » de Marc, et à Marc, le « parrain DAAD » de Luka – les invitait à se parler et à se rencontrer sans tarder. La formule qui avait fait ses preuves avec Donald fut reprise : un apéritif à la maison, pour faire connaissance, puis le dîner dans une brasserie, typiquement parisienne, à quelques pas de distance. L’apéritif terminé, Luka savait déjà un minimum sur Marc, issu d’un couple franco-allemand de l’immédiat après-guerre, et sur Gunhild, arrivée de l’Est par le « pont aérien » de Berlin, et par la suite française d’adoption, et, réciproquement, Marc et Gunhild étaient instruits des principales étapes de la vie, riche et dense, de Luka depuis l’abitur en 2010 : un sabbatique post–bac qui le mena sur les rives orientales de la Méditerranée et par monts et vaux sur le subcontinent indien, des études en philosophie et sciences sociales à Oxford, enfin le stage en cours à l’OCDE, sous les auspices du DAAD. Les sujets de conversation ne pouvaient pas manquer, entre géopolitique, « voyages de formation » et comparaison des systèmes éducatifs…

Quelques jours plus tard, filleul et parrain se rencontraient à nouveau au cocktail des parrainages du 7 octobre 2015 à l’Hôtel Duret de Chevry, siège du DAAD Paris. Comme toujours dans de semblables occasions, chacun circula entre groupes éphémères, en perpétuelle recomposition, selon les sujets de conversation abordés, ou les appétits subits pour telles ou telles « Delikatessen », offertes par le DAAD. Toutefois, Luka et Marc se sont retrouvés longuement pour une conversation sur le cinéma avec Philipp, un autre boursier du DAAD. Ce dernier prépare une thèse sur « Histoire(s) du cinéma » de Godard et le critique cinématographique Serge Daney ; Luka aime le cinéma et a eu la chance d’habiter en colocation avec des élèves de l’Ecole Nationale Supérieure des Métiers de l’Image et du Son (la Fémis) depuis son installation à Paris ; Marc voit un film avec Gunhild, de temps à autre… La conversation s’arrêta sur « Dheepan », Palme d’Or à Cannes en 2015. Quelle image de la France pouvaient recueillir de ce film les « migrants » et « fugitifs » en route vers l’ouest depuis le Proche Orient ? Certainement pas positive, mais le film ne visait-il pas précisément à changer le regard sur soi et sur les « autres » ?

Une troisième rencontre entre parrain et filleul eut lieu fin novembre pour un dîner au domicile de Marc et Gunhild, en présence de Charlotte, petite-fille de Gunhild, et étudiante en économie et sociologie. Les sujets abondaient entre Luka et Charlotte, par suite de leur cursus similaires mais aussi d’expériences communes, également du côté de Marc et Gunhild, sur le subcontinent indien. – Sans oublier, bien sûr, les « attaques », toutes récentes, à Paris et à Saint-Denis, dont le spectre planait encore au pied même de l’immeuble du parrain et de la marraine. Le trottoir mitoyen avec une échoppe de luthier, restée fermée depuis le 13 novembre, était couvert de bougies funéraires et de bouquets de fleurs, en hommage à l’artisan et artiste qui y avait travaillé, jusqu’à succomber à ses blessures reçues au Bataclan.

Rien de tout cela ne sera oublié quand Luka reviendra au début de l’année 2016 au domicile de Gunhild et Marc, en présence, cette fois, d’un camarade d’études de ce dernier : Alain, angliciste de formation. Tout naturellement, la conversation devrait alors onduler vers d’autres sujets, en fonction de cette nouvelle constellation de personnes. Et puis, le « food folklore » s’invitera forcément parmi les sujets de la soirée, puisqu’une galette des rois est d’ores et déjà inscrite au menu.

A la date d’arrêt de cette chronique provisoire du « tandem Luka-Marc » – ou plutôt : du « tridem Luka-Marc-Gunhild » –, Luka annonce, d’une part, son départ imminent pour l’Allemagne du Nord, dont il est originaire, et, d’autre part, son installation, encore avant le départ, dans le quartier du parrain et de la marraine, dans l’est parisien. Les rencontres devraient se rapprocher à la faveur de cette nouvelle proximité spatiale. Ce sera tant mieux ! puisque tous les échanges ont été heureux et réjouissants, quand bien même ils sont restés limités à la plus simple convivialité. »

Texte : Marc Cluet et Luka Boeskens