ÉVéNEMENTS

Compte rendu : VISITE DES ATELIERS DE RESTAURATION DU MUSÉE DE L’AIR ET DE L’ESPACE

21 septembre 2022

C’est par cette belle journée du 21 septembre qu’un groupe de 7 membres de l’DAAD Alumni France a visité les ateliers de restauration et les réserves du Musée de l’air et de l’espace du Bourget.

D’une superficie de 1,30 ha, le site se situe à Dugny sur une ancienne base de l’armée de l’air, en bordure des pistes de l’aéroport du Bourget. Les collections du musée d’aviation le plus ancien de France (créé en 1919) accueillent plus de 250 avions et aéronefs. Elles furent tout d’abord situées à Paris, avant de migrer à Meudon puis d’être transférées sur le site actuel dans les années 1980.

Nous avons eu le plaisir d’être guidés et de profiter des explications de M. Patrick Dettling, pour qui le pilotage d’une telle visite était une première.

M. Dettling a un parcours universitaire orienté sur la restauration technique industrielle, qui existe en Allemagne, mais semble a priori plus rare dans l’Hexagone. Les ateliers de restauration emploient deux restaurateurs et une dizaine de techniciens, auxquels s’ajoutent des logisticiens et des gestionnaires de collections. La restauration d’avions fait également appel à des corps de métiers particuliers, tels que des couturiers, des chaudronniers aéronautiques, des mécaniciens, des tourneurs / fraiseurs, des menuisiers, des peintres, ou encore des entoileurs.

Il s’agit vraisemblablement du seul site « institutionnel » de restauration d’aéronefs en France. La restauration d’avions est en effet plus fréquemment réalisée par des bénévoles et des associations, ce qui est également le cas sur le site du Bourget, où 2 associations utilisent également les emprises.

Toutefois, notre guide insiste sur la différence d’approche entre, d’une part les associations, qui ont à cœur de refaire voler des avions anciens, quitte à modifier ou adapter des composants pour y parvenir et, d’autre part, l’atelier du musée, qui revendique une démarche plus « scientifique », où la préservation et la restauration des composants d’origine constituent une priorité, tout en assurant une pérennité de l’avion. Il est dans ce contexte primordial de viser le maintien des caractéristiques de l’avion et sa pérennité, les aptitudes au vol n’étant plus requises.

Nous commençons par visiter un des ateliers de restauration. Nous pouvons observer des avions à plusieurs étapes de restauration.

Ici un avion de l’Aéropostale reconstitué…
… et un avion en attente de restauration (en gris) côtoyant un prototype (sous bâche plastique) destiné à battre un record de vitesse dans les années 1930 mais qui n’aura jamais volé.
Les explications détaillées de notre guide (à droite sur la photo) dans l’atelier d’entoilage nous permettent de constater la qualité du travail réalisé autour d’une pale d’hélicoptère, en cours de reconstitution car le musée essaie autant que possible de conserver et restaurer les pièces d’origine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La visite se poursuit par un tour en extérieur, où attendent sagement plusieurs avions. Le dernier arrivé est un Transall, avion de transport militaire franco-allemand, dont le successeur est l’Airbus A 400M. Plus inattendue sera la découverte de plusieurs sculptures de Niki de Saint-Phalle en cours de restauration, les restaurateurs/rices profitant ainsi d’une partie du vaste foncier prêté par les réserves du Musée de l’Air et de l’espace.

D’autres avions dans des états variables sont également stationnés à proximité et notre guide souligne la difficulté de traiter, maintenir et restaurer un tel parc avec des moyens limités, sachant que, théoriquement, le musée n’a le droit de détruire aucun aéronef qui lui serait transféré, ou de le vendre, mais a au contraire l’obligation de le maintenir en état.

Nous entrons ensuite dans le hangar Jean-Paul Béchat, doté de l’air conditionné et d’une hygrométrie contrôlée, qui représente l’aboutissement d’un projet ayant pris une dizaine d’années. Ce bâtiment, abrite les aéronefs les plus fragiles et d’une valeur patrimoniale particulière, tel le Vieux Charles, qui fut l’avion de Guynemer.

Le Vieux Charles de Guynemer datant de 1916 avec toile d’époque. C’est la « Joconde du musée » (dixit notre guide).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce hangar abrite également un espace dédié de « mise en quarantaine », où sont stockés pendant 2 semaines les pièces et avions récemment donnés pour observation, ceci afin de prévenir tout risque de propagation de moisissures ou d’insectes xylophages vers le reste de la collection.

Outre les avions, sont également stockés dans ce hangar des objets en rapport avec l’aviation mais moins encombrants : hélices, nacelles de ballons (dont certaines datent du siège de Paris), œuvres d’arts, maquettes (dont certaines furent testées dans les souffleries Eiffel, visitées début 2020), tenues de pilotes et d’hôtesses, des jouets, mais aussi des objets promotionnels ou des objets du quotidien du voyage aérien aux couleurs des compagnies aériennes (sacs, couverts, magnets….) sans oublier des sculptures et plaques commémoratives consacrées à ces héros de l’aviation.

Un uniforme vintage d’hôtesse d’Air France… très différent des tenues contemporaines !
… et un uniforme de pilote qui a lui aussi évolué entretemps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La dernière étape de notre visite se déroule dans un deuxième hangar des réserves. Si celui-ci s’avère moins sophistiqué et moins abouti dans la protection des avions, il comporte une grande diversité d’avions en attente de restauration : Fouga Magister de la Marine nationale, simulateur de vol sur Transall, satellite, lanceurs spatiaux, la liste est longue.

Nous ne sommes pas surpris d’apprendre que la restauration d’avions est aussi un repaire de passionnés de l’aéronautique. Un de ces passionnés a fait un travail considérable de recensement des avions de la collection, à consulter ici :

http://www.pyperpote.tonsite.biz/listinmae/

Un grand merci aux organisateurs de la visite et en particulier à Patrick Dettling (à gauche sur la photo) qui a eu l’amabilité de nous guider pendant 2 heures passionnantes et de nous faire découvrir un univers de restauration muséologique peu connu.

M. Dulerm