Visite Nouveau Palais de Justice de Paris le 15 mai 2023
J’ai fait partie de la douzaine de participants à la visite du Nouveau Palais de Justice de Paris, situé dans le quartier des Batignolles.
Ce qui m’a frappé, c’est la beauté de l’édifice, construit par le célèbre architecte italien Renzo Piano. L’extérieur, par sa forme incongrue, interpelle et il est bien dommage que les terrasses ne soient pas accessibles au public. Achevé et mis en service en 2018, sa modernité élégante est renforcée grâce à des arbres et des bordures de végétation qui forment une végétalisation originale.
Précisons que la Maison des Avocats, dans le même style, est un bâtiment totalement indépendant, situé sur un autre côté du parvis, symbole fort s’il en est, de l’indépendance que le Barreau souhaite affirmer par rapport à l’institution judiciaire.
Ce sentiment de beauté s’est renforcé en découvrant la nouvelle Salle des Pas Perdus, grande nef bénéficiant de nombreux puits de lumière, aux couleurs claires et reposantes. Rien à voir avec les salles des pas perdus à l’ancienne, qui subsistent en régions avec leurs grandes colonnes gréco-romaines se référant à la justice antique. Ici des sièges et même une cafétéria, pour accueillir le public, minimum évident mais n’existant pas ailleurs.
Cette clarté offre également un effet de transparence, symbolique identique à celle du plafond du Bundestag. Une modernité d’avenir et, paradoxalement pour un tel lieu, une modernité « douce ».
J’ai relu avec plaisir et fierté les superbes extraits tirés surtout de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ornant les murs conduisant à la Salle des Pas Perdus. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse.
J’avoue avoir été un peu frappée par le côté très administratif des petits boxes du Service d’Accueil Unique du Justiciable (SAUJ), ressemblant un peu à des locaux de Sécurité Sociale ou à des guichets de banque. Toutefois, l’existence d’un tel système totalement gratuit, qui accompagne le justiciable dans l’ensemble de ses démarches et en toute confidentialité est remarquable.
Maître Aurélie TABUTIAUX, avocate généraliste mais plus spécialisée en immobilier (copropriété, …) avait très aimablement accepté de guider notre groupe et nous a répondu à nos questions même les plus triviales. Nous avons par exemple appris que la Cour d’Assises (qui juge les crimes) est restée au Palais de Justice historique de la Cité. Que les prud’hommes (litiges du travail), les questions de constitutionnalité… sont traités ailleurs. Que par contre le Tribunal pour enfants, les affaires de terrorisme (localisées au dernier étage pour des questions de sécurité) sont traitées dans ce nouveau palais.
Surtout, Maître TABUTIAUX nous a fait découvrir les arcanes de l’organisation géographique du bâtiment, par exemple le fait que les détenus sont amenés par un circuit indépendant de celui du public, ce qui évite des croisements peu compatibles avec la sécurité. Le fait aussi qu’un tableau général permet de voir d’un coup d’œil (comme dans les gares) les chambres en train de fonctionner. Ou encore une optimisation des déplacements des professionnels, évitant comme dans le palais historique, d’épuisantes montées et descentes d’escaliers quotidiennes
Maître TABUTIAUX nous a également vanté les avantages de l’informatisation et de la numérisation, de ce nouveau palais : Plus de volumineux dossiers papier à faire photocopier au greffe, dont le système séculaire des cotes de plaidoiries qui entraînait de perpétuels délais et retards de procédure. Une optimisation du temps des professionnels naguère obligés d’attendre parfois des heures leur tour de passage.
Sur le tableau général, nous avons choisi d’assister à une audience de petits litiges, une audience de droit de la construction et une audience correctionnelle.
Alors que nous commencions à assister à une première audience dans une affaire à juge unique, a retenti une sonnerie d’alerte générale nous demandant d’évacuer au plus vite (alerte à la bombe ?), coupant court à notre programme de visites.
Nous nous sommes retrouvés un peu déçus sur le parvis et sommes allés nous consoler de ce programme écourté autour d’un café dans le joli foyer du cinéma les 7 des Batignolles.
Un participant disait que les commissariats, les hôpitaux et les Palais de Justice sont des lieux qu’on souhaite peu fréquenter sinon pour vite en sortir. Mais je pense que la beauté de ce nouveau palais rend cette contrainte plus acceptable.
Un grand merci à maître TABUTIAUX pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Rédactrice : NM