ÉVéNEMENTS

Compte-rendu : « La transition énergétique : un nouveau souffle pour le moteur franco-allemand ? »

9 octobre 2013 à 18h30

« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une crise, mais qu’est-ce qu’une crise ? Une crise, c’est quelque chose d’imprévu et de désagréable. Je vieillis, c’est désagréable, mais c’était prévisible, donc ce n’est pas une crise », ainsi commença le débat sur le sujet : « La transition énergétique sauvera-t-elle l’Europe de la crise ? »

À l’occasion de la présentation du site internet « Alumniportal Deutschland », nous avons en effet souhaité vous réunir autour d’un thème qui interpelle de part et d’autre du Rhin : la transition énergétique. « Alumniportal Deutschland » a pour vocation la mise en réseau de personnes venues du monde entier pour étudier, faire de la recherche ou encore travailler en Allemagne. C’est également un lieu de partage d’idées où peuvent naître des débats sur différents thèmes d’actualité, comme celui de la transition énergétique.

Dans un premier temps, trois spécialistes ont présenté les principaux avantages de la transition énergétique et les défis que devront relever industriels, chercheurs et hommes politiques dans les décennies à venir. Ainsi, après Fukushima, la question de la transition énergétique est en effet devenue prédominante dans une Europe qui s’est construite autour de la collaboration en matière énergétique. La France et l’Allemagne, leaders européens en matière d’énergies renouvelables, ont ainsi émis des objectifs très ambitieux : la France prône une diminution de 25% de la part du nucléaire dans la consommation nationale, l’Allemagne une sortie totale du nucléaire à l’horizon 2022. Il faut cependant préciser qu’aujourd’hui, la principale source d’énergie en France reste le nucléaire, et que c’est le charbon en Allemagne ; et si la transition énergétique allemande est tirée par l’énergie éolienne, c’est sur l’hydraulique que s’appuie la France. C’est sur la base de l’analyse de ces points communs et différences et convergences que l’Office franco-allemand pour les énergies renouvelables a été créé en 2013, témoignant d’une volonté de coopération entre les gouvernements français et allemands.

« La transition énergétique sortira l’Europe de la crise : oui ou non ? » Telle était la question de la soirée.  Deux équipes composées de trois spécialistes chacune se sont opposées, dans un débat à l’anglo-saxonne, soit avec un temps de parole restreint et aboutissant à un vote du public. C’est donc dans une ambiance animée et avec humour que les adversaires ont mis en avant leurs arguments, essayant de convaincre le public et de sortir gagnants du débat. À coup d’outils rhétoriques, la première équipe a ainsi mis en évidence les avantages que pouvait apporter la transition énergétique, notamment pour le secteur industriel qui a vu apparaître de nouveaux appels d’offres suite aux objectifs définis par le Grenelle de l’environnement. J.-M. Jancovici, ingénieur conseil en énergie et en climat, a ainsi soutenu l’idée que ce secteur pourrait tirer l’ensemble de l’économie vers le haut, notamment grâce à la création d’emplois. À plus grande échelle, elle pourrait peut-être même aider l’Europe à sortir de la crise, à condition que la transition soit envisagée de façon régionale, et non nationale, et soit le fruit d’une réelle collaboration. À ce titre, la transition énergétique pourrait se révéler porteuse d’intégration et ainsi redonner à l’Europe une crédibilité aux yeux du monde.
L’équipe adverse a ensuite pris le parti de relativiser voire même de nier le rôle de cette transition énergétique pour sortir l’Europe d’une crise avant tout économique et financière, et de montrer ses inconvénients. J.-H. Keppler, co-directeur du Master Energie, Finance, Carbone à l’université Paris 7, a ainsi démontré que la transition énergétique telle qu’envisagée actuellement, sans l’accompagnement nécessaire, créera des surcoûts cachés. Cela expliquerait selon lui pourquoi l’Allemagne mobilise 20 milliards d’euros par an pour l’éolien et le solaire, qui ne représentent pourtant que 12% de la production d’énergie. La seconde équipe a donc défendu avec verve l’idée que la transition énergétique ne pouvait en rien résoudre la crise et risquait même de renforcer le climat de crise en Europe.

Suite à ce débat riche en émotions c’est la thèse d’une transition énergétique incarnant un nouveau souffle indispensable à l’Europe qui a l’a emporté, de quelques voix seulement.

Pour obtenir un compte-rendu plus détaillé, envoyez un mail à Alice Pauthier :
service-paris1@daad.de

Programme de la soirée

Quelques photos :