« Ma mère étant Suisse et ma tante étant allemande, j’ai été très jeune en contact avec la culture germanophone. C’était une langue et une culture qui me fascinaient même si ma maîtrise de l’allemand à l’école était…
Anne-Laure LEPAGE
Ma mère étant Suisse et ma tante étant allemande, j’ai été très jeune en contact avec la culture germanophone. C’était une langue et une culture qui me fascinaient même si ma maîtrise de l’allemand à l’école était médiocre. J’ai aussi eu la chance d’avoir une correspondante allemande avec laquelle je me suis sentie tellement d’affinités que nous nous sommes vues toutes les années depuis nos 18 ans ; nous avons commencé un tour d’Allemagne ainsi qu’un tour des régions de France.
Pendant ma dernière année de Bachelor, j’ai eu envie d’aller étudier dans ce pays. J’ai envisagé l’option « Assistante de langue » mais mon dossier a été refusé. Voulant absolument partir, même s’il fallait envisager une année « sabbatique » au niveau des études, j’ai accepté un poste de fille au pair près de Mannheim pendant une année. J’ai pu mener de front mon travail de fille au pair à mi-temps, des cours de langue qui m’ont permis de décrocher le ZMP, quelques cours à la faculté de théologie en vue de mon Master et des cours de harpe au conservatoire. Cette année a aussi été enrichissante au niveau personnel puisque j’ai pu découvrir l’Allemagne par différents voyages. J’ai aussi lié des amitiés très fortes au sein de l’église dans laquelle j’allais.
Rentrée en France, j’ai attaqué mon Master avec un sujet de recherche « Le temps liturgique en Hesse sous le règne de Philippe le Magnanime (1518-1567) » qui me permettrait de retourner en Allemagne le moment venu. La réponse positive du DAAD m’accordant une bourse de recherche pour le Master 2 a été une opportunité que je n’oublierai jamais. Je pense pouvoir dire avec certitude que j’ai vécu la plus belle année de ma vie à Marbourg sur le Lahn entre septembre 2005 et juillet 2006.
J’ai découvert une charmante ville médiévale avec son château haut perché, ses collines environnantes, sa rivière sur laquelle j’ai découvert les joies de faire de la gondole grâce à un colocataire en possédant une. J’ai découvert des colocataires allemands fantastiques habitant dans une maison du 16e siècle en plein centre historique. Nous avons passé des heures à parler politique, végétarisme, études, art… Nous avons joué de la musique ensemble (j’avais amené ma harpe), avons participé à des festivals, avons organisé des soirées étudiantes pour Thanksgiving, pour Noël, avons fait des Plätzchen…
J’ai découvert aussi le DAAD, un organisme très actif qui m’a facilité les démarches d’installation, qui a des membres actifs organisant des sorties, qui organise une rencontre au niveau de l’Allemagne une fois par an. En 2006, nous avons eu le privilège d’être invité à Bayreuth pour un colloque et de visiter la ville. C’était fantastique de se retrouver dans une telle ambiance internationale, d’entendre parler l’allemand avec des accents tellement différents, de découvrir des chercheurs d’un tel niveau et d’avoir au moins un point commun avec eux, l’amour de la culture allemande. Je peux dire que j’ai tissé des liens d’amitiés avec certains de ces chercheurs que le temps n’a pas altérés.
Cela a été difficile de retourner en France avec comme perspective la préparation du CAPES mais j’ai beaucoup apprécié et j’apprécie encore beaucoup le fait de recevoir le journal « deutschland.de » ainsi que le journal du DAAD. J’ai toujours l’impression de faire partie de cette grande famille même en ayant quitté le domaine de la recherche.
Le fait d’avoir passé une deuxième année en Allemagne m’a donné envie d’enseigner l’histoire-géographie en langue allemande. J’ai passé la mention complémentaire pour enseigner une discipline non linguistique en allemand après avoir fait un stage au lycée franco-allemand de Freiburg et ai par la suite travaillé 3 ans en Alsace en tant que professeur d’histoire géographie en cursus bilingue allemand.
Avoir eu la chance de passer une deuxième année en Allemagne grâce au DAAD m’a sensibilisée à la question du bilinguisme et du multiculturalisme dans l’enseignement. J’ai par la suite essayé de découvrir les techniques d’enseignement mises en place dans différents pays pour développer le bilinguisme. Actuellement, j’enseigne l’histoire-géographie en français pour des élèves américains.
La recherche dans les pays germanophones m’intéresse toujours beaucoup et je songe à m’y replonger en revenant des Etats-Unis. Pourquoi ne pas imaginer d’écrire une thèse sur l’enseignement bilingue l’année prochaine et de demander une aide du DAAD ?